Maxime X. naquit en **** dans la cité prolétarienne de Saint-Nazaire. Ses géniteurs passaient leurs vacances à La Baule (plus grande plage d'Europe, la station balnéaire vous accueille au cœur de la Côte d'Opale, entre la campagne de la Brière et l'Océan Atlantique) et c'était l'hôpital le plus proche. L'enfant hésitait entre la maigreur et les bourrelets.
De son enfance, on peut dire qu'elle fut heureuse et sans histoire. Dressé par les établissements catholiques (non mixtes !), Maxime crût sous le double signe de Michel Sardou et des rues sinistres du quartier de l'Europe à Paris.
Voilà une vie dont on peut dire, sans fanfaronner, qu'elle n'épouse aucune ligne et ne suit pas de direction précise.
En quatrième il était amoureux d'une fille, Pauline L. Il se souvient que les élèves de quatrième donnaient une représentation théâtrale (façon comédie musicale). Pauline jouait un rôle secondaire de danseuse de cabaret, à un moment son soutien gorge était tombé. Les camarades de Maxime se retournèrent vers lui, pour évaluer sa réaction (car il était entendu que c'était lui "l'aspirant" officiel de ladite Pauline). Il gloussait de joie. Exactement comme un sexagénaire bedonnant dans un bastringue de Phuket aguiché par une vieille pute défraîchie : voilà qu'il se levait pour applaudir, rouge de plaisir ! Il applaudissait la semi-nudité de la jolie fille qu'il n'aurait jamais.
Cette salope jouait un petit jeu avec lui : elle veillait à ce que son amour pour elle ne s'éteigne jamais, en lui distillant une remarque une fois par mois ; un sourire, un bonjour, quelques mots. Une vraie pro, la gamine. De cette façon, elle entretenait les rêves du soupirant, sans toutefois imaginer une seule seconde sortir avec lui.
Bachelier, Maxime intégra une classe préparatoire parisienne. C'est à ce moment stratégique de sa vie, baptisé "coupure ontologique" par les exégètes Martinowicz et Grüber, que Maxime X. fut violé par un camarade de classe. Dans un récit publié sans nom d'auteur, il retrace l'événement :
"Incarcéré, si je puis dire, dans les toilettes du Lycée par le mâle dont je ne puis plus guère prononcer le nom, je dus subir ses éjaculations dans mes cheveux à chaque journée. L'hiver, particulièrement glacial, se rappellait à moi par le truchement du froid nacré qui pénétrait par les interstices de la porte branlante. La clarté bleue du dehors était synonyme du jour nouveau, et donc du retour de l'Indésignable. Il entrait, inspectait mes chairs meutries d'une main lasse, et me transformait peu après en authentique vide-couille humain." [Mon fardeau, éd. Michel Laffont]
Profondément bouleversé, Maxime se releva quelques années après grâce à l'intervention d'une psychanalyste et psychothérapeute, Bénédicte Castra. Celle-ci convainquit le jeune homme de déposer plainte contre son agresseur, préalable à une "reconstitution constructive du surmoi laminé par un traumatisme déformateur du réel et de l'imaginaire", comme elle l'explique au tribunal où elle intervient comme témoin cité par la partie civile.
L'agresseur, devant la faiblesse du dossier, se voit relaxé. Les attendus du jugement sont ambigus : "Au regard de la restitution des faits, il apparaît que la victime présumée a réinvesti son récit de fantasmes et de diffractions diverses liées à sa personnalité perverse et manipulatrice ; le récit de sa psychanalyste ne corrobore que rarement celui du plaignant dont l'amour qu'il éprouve pour l'accusé fragilise le témoignage".
A l'issue d'un procès qui l'a dévasté, Maxime X. n'est plus que l'ombre de lui-même. Dépressif, obèse et alcoolique, il publie néanmoins un recueil de poèmes sobrement intitulé "Poëmes".
Jour ressassé qui obsède vivace assesseur des charmes troublant héraut des fêtes que la peine a saisi enfoncé sous la porte
Jour, tendre cruel traître bourreau hélas [...]
Vient ensuite le temps du témoignage, avec "Mon fardeau", coécrit avec Bénédicte Castra. "Mon viol, c'est ma déportation, mon Auschwitz. Pire que ma mort, mon viol : la destruction psychique de ce que je suis et de ce que je serais, de ce que j'étais et de mes rêves. J'aurai préféré mourir dans d'atroces souffrances."
La psychanalyste publie tribunes sur tribunes pour soutenir Maxime X. dans son combat. "Il faut le savoir, le viol, qui plus est uraniste (cela veut dire homosexuel), est très traumatisant pour les victimes qui le subissent, surtout s'il est effectué dans des conditions traumatisantes ou violentes (voire très violentes), tel qu'un viol avec arme, par exemple. Cela n'est pas pour rien que le mot "viol" découle de la même étymologie que le mot "violence", qui sont des termes proches. Cela doit nous interroger chacun de nous-mêmes dans notre plus profond intérieur", s'emporte-t-elle dans Le Monde.
Maxime publie ensuite une retranscription poétique de son viol, intitulée "Aufer tenebras mentium". Dans une langue d'une pureté jamais atteinte, lavée de toute scorie, son chant funèbre fait verser des larmes jusque dans nos banlieues.
Ce n'est pas l'amour,
Mais mon être,
Ce n'est pas mon être,
Mais ma chair,
Pas ma chair,
Mais le jour,
Et au milieu des jours,
La vie
Qu'un assassin m'a pris
Les associations de protection de l'enfance se saisissent de l'affaire : la pétition "Le sexe détruit tout !", lancée par "SOS Enfance violée" recueille de prestigieuses signatures, telles que celles d'Isabelle Alonso, d'Alain Touraine ou encore de Catherine Trautman.
Promu icône médiatique à son corps défendant, Maxime en profite pour faire de la promotion des quelquies livres dont il est l'auteur. Il se fait tour à tour victime christique ou poëte mal attifé sur les plateaux de télévision. Le climax de cette "explosion communicative post-viol" (Martinowicz & Grüber) étant sans doute la participation à l'émission "Se(r)vices publics", présentée par Julien Courbet.
-- Avez-vous de la haine envers votre agresseur ?
-- Non. Non, je n'ai pas de haine. La haine m'est étrangère. Ni sourde rancoeur ni désir de violence. Il a tué en moi tout ce qui s'exprimait. Et jusqu'au sentiment le plus fondamental : la haine.
Atteint par une hyper-obésité rarissime en Europe (198 kilos), Maxime voit son espérance de vie se réduire fortement. Il ne se déplace qu'avec d'extrêmes difficultés, et fait régulièrement sous lui sans être à même de s'essuyer, ce qui pénalise sa sociabilité.
Un critique d'art récupère ses slips usagés pour les vendre aux enchères comme installations conceptuelles. La série "Slips pleins de chiasse IV" s'arrache à 700 000€ lors d'une vente organisée par Pierre Bergé et associés.
Maxime rencontre l'amour en la personne d'Octavie Demeurée M'bolo N'Gala N'Gala, ressortissante de la Guinée équatoriale. Ils convolent en juste noce dans la banlieue parisienne, le nouvel époux ne pouvant prendre le train, l'avion ou la voiture.
L'union à peine scellée, le couple donne naissance à une petite Césare Borgia.
Maxime vit aujourd'hui retiré à Stains-Pierrefite. Aux dernières nouvelles, il est devenu un véritable légume couvé par sa bien aimée, par ailleurs condamnée pour extorsion de fond au cours de son précédent mariage.
De son enfance, on peut dire qu'elle fut heureuse et sans histoire. Dressé par les établissements catholiques (non mixtes !), Maxime crût sous le double signe de Michel Sardou et des rues sinistres du quartier de l'Europe à Paris.
Voilà une vie dont on peut dire, sans fanfaronner, qu'elle n'épouse aucune ligne et ne suit pas de direction précise.
En quatrième il était amoureux d'une fille, Pauline L. Il se souvient que les élèves de quatrième donnaient une représentation théâtrale (façon comédie musicale). Pauline jouait un rôle secondaire de danseuse de cabaret, à un moment son soutien gorge était tombé. Les camarades de Maxime se retournèrent vers lui, pour évaluer sa réaction (car il était entendu que c'était lui "l'aspirant" officiel de ladite Pauline). Il gloussait de joie. Exactement comme un sexagénaire bedonnant dans un bastringue de Phuket aguiché par une vieille pute défraîchie : voilà qu'il se levait pour applaudir, rouge de plaisir ! Il applaudissait la semi-nudité de la jolie fille qu'il n'aurait jamais.
Cette salope jouait un petit jeu avec lui : elle veillait à ce que son amour pour elle ne s'éteigne jamais, en lui distillant une remarque une fois par mois ; un sourire, un bonjour, quelques mots. Une vraie pro, la gamine. De cette façon, elle entretenait les rêves du soupirant, sans toutefois imaginer une seule seconde sortir avec lui.
Bachelier, Maxime intégra une classe préparatoire parisienne. C'est à ce moment stratégique de sa vie, baptisé "coupure ontologique" par les exégètes Martinowicz et Grüber, que Maxime X. fut violé par un camarade de classe. Dans un récit publié sans nom d'auteur, il retrace l'événement :
"Incarcéré, si je puis dire, dans les toilettes du Lycée par le mâle dont je ne puis plus guère prononcer le nom, je dus subir ses éjaculations dans mes cheveux à chaque journée. L'hiver, particulièrement glacial, se rappellait à moi par le truchement du froid nacré qui pénétrait par les interstices de la porte branlante. La clarté bleue du dehors était synonyme du jour nouveau, et donc du retour de l'Indésignable. Il entrait, inspectait mes chairs meutries d'une main lasse, et me transformait peu après en authentique vide-couille humain." [Mon fardeau, éd. Michel Laffont]
Profondément bouleversé, Maxime se releva quelques années après grâce à l'intervention d'une psychanalyste et psychothérapeute, Bénédicte Castra. Celle-ci convainquit le jeune homme de déposer plainte contre son agresseur, préalable à une "reconstitution constructive du surmoi laminé par un traumatisme déformateur du réel et de l'imaginaire", comme elle l'explique au tribunal où elle intervient comme témoin cité par la partie civile.
L'agresseur, devant la faiblesse du dossier, se voit relaxé. Les attendus du jugement sont ambigus : "Au regard de la restitution des faits, il apparaît que la victime présumée a réinvesti son récit de fantasmes et de diffractions diverses liées à sa personnalité perverse et manipulatrice ; le récit de sa psychanalyste ne corrobore que rarement celui du plaignant dont l'amour qu'il éprouve pour l'accusé fragilise le témoignage".
A l'issue d'un procès qui l'a dévasté, Maxime X. n'est plus que l'ombre de lui-même. Dépressif, obèse et alcoolique, il publie néanmoins un recueil de poèmes sobrement intitulé "Poëmes".
Jour ressassé qui obsède vivace assesseur des charmes troublant héraut des fêtes que la peine a saisi enfoncé sous la porte
Jour, tendre cruel traître bourreau hélas [...]
Vient ensuite le temps du témoignage, avec "Mon fardeau", coécrit avec Bénédicte Castra. "Mon viol, c'est ma déportation, mon Auschwitz. Pire que ma mort, mon viol : la destruction psychique de ce que je suis et de ce que je serais, de ce que j'étais et de mes rêves. J'aurai préféré mourir dans d'atroces souffrances."
La psychanalyste publie tribunes sur tribunes pour soutenir Maxime X. dans son combat. "Il faut le savoir, le viol, qui plus est uraniste (cela veut dire homosexuel), est très traumatisant pour les victimes qui le subissent, surtout s'il est effectué dans des conditions traumatisantes ou violentes (voire très violentes), tel qu'un viol avec arme, par exemple. Cela n'est pas pour rien que le mot "viol" découle de la même étymologie que le mot "violence", qui sont des termes proches. Cela doit nous interroger chacun de nous-mêmes dans notre plus profond intérieur", s'emporte-t-elle dans Le Monde.
Maxime publie ensuite une retranscription poétique de son viol, intitulée "Aufer tenebras mentium". Dans une langue d'une pureté jamais atteinte, lavée de toute scorie, son chant funèbre fait verser des larmes jusque dans nos banlieues.
Ce n'est pas l'amour,
Mais mon être,
Ce n'est pas mon être,
Mais ma chair,
Pas ma chair,
Mais le jour,
Et au milieu des jours,
La vie
Qu'un assassin m'a pris
Les associations de protection de l'enfance se saisissent de l'affaire : la pétition "Le sexe détruit tout !", lancée par "SOS Enfance violée" recueille de prestigieuses signatures, telles que celles d'Isabelle Alonso, d'Alain Touraine ou encore de Catherine Trautman.
Promu icône médiatique à son corps défendant, Maxime en profite pour faire de la promotion des quelquies livres dont il est l'auteur. Il se fait tour à tour victime christique ou poëte mal attifé sur les plateaux de télévision. Le climax de cette "explosion communicative post-viol" (Martinowicz & Grüber) étant sans doute la participation à l'émission "Se(r)vices publics", présentée par Julien Courbet.
-- Avez-vous de la haine envers votre agresseur ?
-- Non. Non, je n'ai pas de haine. La haine m'est étrangère. Ni sourde rancoeur ni désir de violence. Il a tué en moi tout ce qui s'exprimait. Et jusqu'au sentiment le plus fondamental : la haine.
Atteint par une hyper-obésité rarissime en Europe (198 kilos), Maxime voit son espérance de vie se réduire fortement. Il ne se déplace qu'avec d'extrêmes difficultés, et fait régulièrement sous lui sans être à même de s'essuyer, ce qui pénalise sa sociabilité.
Un critique d'art récupère ses slips usagés pour les vendre aux enchères comme installations conceptuelles. La série "Slips pleins de chiasse IV" s'arrache à 700 000€ lors d'une vente organisée par Pierre Bergé et associés.
Maxime rencontre l'amour en la personne d'Octavie Demeurée M'bolo N'Gala N'Gala, ressortissante de la Guinée équatoriale. Ils convolent en juste noce dans la banlieue parisienne, le nouvel époux ne pouvant prendre le train, l'avion ou la voiture.
L'union à peine scellée, le couple donne naissance à une petite Césare Borgia.
Maxime vit aujourd'hui retiré à Stains-Pierrefite. Aux dernières nouvelles, il est devenu un véritable légume couvé par sa bien aimée, par ailleurs condamnée pour extorsion de fond au cours de son précédent mariage.