samedi 27 juin 2009

Ceci n'est pas un inventaire -ni un cauchemar de castration -ni un lustre -un texte dont tu as autant besoin qu'entre tes dents mon poil pubien

Ce texte a aussi et d'abord été posté sur Facebook, mais il faut bien faire vivre ce blog, aussi.



Je voudrais de petites lunettes rondes et noires, que je porterais avec un chapeau à haute forme, une mine à basse forme et un futur déformé où dans leur obscurité je pourrais m’endormir. J’y ferais de petits trous à travers le verre, par lesquels de fins rayons de lumière seraient absorbés définitivement par mon champ gravitationnel. Je voudrais aussi une plage, c’est étonnant, une plage que je n’ai jamais vécue me manque. Certainement des images d’enfances, le film Contact ou alors le générique d’une soirée Jules Verne sur arte avec un volcan en carton pâte, figé, l’époque où j’aimais la science-fiction. Quand j’aurai une plage, j’y ferai pousser un volcan.
Il n’y a autour de moi quasiment que des adophiles, on se reconnaît, on s’attire entre nous. Plusieurs personnes, soucieuses de découvrir une explication autre que corporelle à ce choix de l’adolescent, ont avancé l’hypothèse selon laquelle en ce qui me concerne, et ce dans le cadre d’une relation, j’étais avant tout à la recherche d’une créature à façonner, d’un écran vierge à remplir d’un passé que je me réinventerais. Peut-être ai-je déjà émis cette idée, mais restons sérieux, j’ai déjà assez à faire avec mes photos pour ne pas perdre mon temps avec un support (forcément) fuyant. Non, le fait est que je ne connais pas de personne de mon âge qui allie l’attrait physique et l’intelligence, et qui me donne envie d’une relation. Bien sûr, les plus jeunes ne sont pas nécessairement plus futés, mais je leur donne une excuse. Je me dis, ils sont jeunes, ils ont au moins la curiosité, c’est bien. Bref, il fallait que ce soit dit et que je n’entende plus mes anciens amants prétendre que je « n’ai pas réussi à les formater comme je l’aurais voulu ». Qu’ai-je fais de la femme qui peignait des vagues sur la mer ? Je l’avais laissé chez Clément et puis ensuite aucun souvenir –l’aurais-je déjà placé dans un poème je ne sais plus. Il y a aussi le garçon qui voulait se tuer en étouffant dans une soirée-mousse. Et comment appelle-t-on ces fœtus qui meurent dans le ventre de leur mère, faisant de lui leur tombe sans même qu’elle connaisse leur existence ? Il faudrait que j’écrive là-dessus, une possession peut être, ou un trésor caché –à propos de fœtus, ma sœur voudrait écrire sur ces jumeaux dont l’un se met à dévorer l’autre. Elle est persuadée que ça lui est arrivé, son double déchiqueté et digéré par elle dans les entrailles de notre génitrice… Au fond je crois que nous tous, sans exceptions, sommes
NE PAS PARLER DU SENS DE LA VIE
Le problème c’est que lorsqu’il y a partage de points communs la situation n’avance pas plus. Par exemple le plasticien Jean François B. me disait qu’il ne s’entendait pas avec les gens de l’art contemporain, mais très bien avec les gens du cinéma. En ce qui me concerne je ne m’entends avec personne dans le milieu du cinéma (et très peu dans celui de la photographie, quelle idée), mais le courant passe plus facilement dans celui de l’art contemporain, de la musique ou de la littérature. Peut être qu’un artiste ne peut se lier d’amitié avec quelqu’un pratiquant le même art que lui… Du reste un jour, pendant un jour, je serai en couple avec un violoncell(ist)e et notre relation prendra naissance forme et fin en l’accord hermaphrodite, des formes féminines entre jambes ouvertes et des notes viriles et graves. La Sarabande de la 5ème suite de Bach dans ta gorge, rampant et puis prendre naissance forme et faim. Oh il me faut du chocolat, et du vin.

Je ne parlerai pas non plus de politique, que les français restent dans leur merde, je suis las. Je pense donc à La Prédication et les Faits de l’Antéchrist ; Les Damnés, si Signorelli était visionnaire il reste cependant l’inventeur du mauvais goût le plus dégueulasse. Je me lève toujours trop tard, ça me déçoit de ne pas voir la lumière du matin mais à vrai dire je ne suis jamais mieux que la nuit, la fête la nuit, le travail des photos la nuit, et puis quand je suis à Nantes les films la nuit. Au réveil la morve se dilatant avec l’aube et les fleurs garde dans ma bouche et à la surface de mes lèvres des brides d’images rescapées, entêtées, des rêves nocturnes. Leur lent effacement, comme sèche le sperme sur mon ventre, déclenche l’ouverture des yeux et la débandade causée par la conscience, ou l’étonnement que l’Apocalypse ne nous ait pas tous fauché notre sommeil. La première cigarette sous Take a Walk on the Wilde Side et les chansons d’Isobel Campbell/Mark Lanegan. Je lis le dernier Citizen K et je suis atterré par la bêtise crasse du gâteux Marc Fumaroli et par le réactionnaire Ludovic Leonelli. Alexander McQueen, Dieu soit loué, relève le niveau avec ses terrifiantes new-yorkaises. Puis je vais rejoindre Pauline accoudée seule à ses songes de princesse en contemplant la sépulture vide qu’elle leur a choisi, le Crillon Ritz ou autre Plaza, le support ingrat de sa figuration. Nos discussions sont superficielles ou concrètes, c’est notre terrain d’entente, lisses ainsi qu’un cocktail lustré ou la dorure d’un service à 4 épingles. De l’ameublement comme technique de filtrage, à la cheval de Troie (à défaut d’être aussi bien montée). Je veux être une parure Louis XVI, je veux être une coupe de champagne, j’y suis, j’y prendrai racine ils n’auront plus le choix, je veux être un tableau Art Déco et un sourire d’accueil, c’est une guerre et mes lunettes Gucci, mon corps de mannequin et ma superficialité guerrière, deviendront statue, deviendront Palace. Avez-vous déjà vu un vagin en irruption de champagne ? Je fuis. Je marche en fermant les yeux pendant 1 minute, je compte : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59, 60.


(extrait des "Variations")

En réalité je me suis arrêté à 2 parce qu’au fond ça sert à rien. Je voudrais arrêter le premier venu pour lui dire que je suis le seul à avoir compris l’Antichrist de Lars Von Trier (dans un prochain article) mais je suis trop timide. Je vais prendre un verre avec Elias et Cyril. J’ai au moins les lunettes, rondes et dorées mais sans les verres noirs, offertes par Damien. Dans les toilettes du Lieu Unique, à Nantes, quelqu’un a écrit qu’il était en train de fondre. Ai-je déjà dit que j’ai une fois croisé à Nantes dans la même journée un mec qui voulait bouffer mon chapeau, une fille qui m’a longuement parlé des pluies de pomme à l’ouest de la ville, un clochard inverti et dragueur, et le fameux type qui se disait poursuivi depuis 3 jours par des escargots. Il pleuvait cette nuit là et les fringues collées à l'eau ou à la peau on ne sait plus qu Rarement les mannequins, ne sont aussi laides que dans les publicités L’Oréal, la clocharde qui criait dans le métro « ma mère c’est Marie et mon père Satan » (elle avait une face de cendrier et une voix de petite fille), j’ai envie de relire Péguy, ô voyageur égaré qui n’a pas pris garde, elle retira son slip et vit un rat, on a fêté les 1 ans de la disparition de mon sac et quand j’aurai une page j’y ferai pousser un volcan, deux volcans, trois volcans, just do it man, and smell pleasure in your body,
je déteste le Palmier mais il faudrait que j’y retourne
pourquoi est-il si loin, le Palais de Tok ?
brigade des mœurs vos papiers s’il vous plaît
pleasure est le nom du rat
il a un tatouage Britney




(une partie de ce texte a mystérieusement disparu....)





Quand on se trouve devant une longue zone ensablée, que faire d’autre que d’y courir ? De même que nos érections nocturnes témoignent des images érotiques de la pénombre enfantine, je sais que si je trouvais ma plage je devrais en témoigner, j’y courrais, pour vérifier qu’elle existe. Pour savoir si l’apaisement a un bout ou s'il est perpétuel, vivant ou mort.

Nostalgie n’est pas le bon mot. Une ellipse me paraît plus approprié, une étendue ouverte. Une plage. Oui, voilà, (on me pardonnera le cliché de la métaphore) l’absence de plage que je ressens est en elle-même une plage, dans la mesure où c’est bien d’une intersection qu’il s’agit, d’un point d’arrêt favorable au rejaillissement. Assis sur des rochers, je regarde la mer se fondre avec le ciel, un monochrome de Klein, je suis comme face à un écran abstrait auquel je voudrais donner une forme reconnaissable. J’actionne ma caméra, et je cherche l’autre rive, et je cherche, et je cherche…