samedi 5 avril 2008

Right Between the Eyes

[ La peau du vent G.Penone]

Je voudrais avant tout, pérenniser le provisoire, l’éphémère, le peu de chose, tous les petits riens dont nous ne soupçonnons pas l’essentialité dans notre société de profusion et de consommation: les sourires, les frôlements, les fragments de pensées, les petits gestes, les petits mots.
Pour vérifier si ce que je ressens a une réalité, il me faut aller vers les autres sans retenue ni orgueil pour qu’ils me confient d’infimes secrets, leurs temps intermédiaires, pour comprendre l’enchantement de la fragilité, les préserver comme un cadeau et repérer dans ce désordre, la concordance.
Jusqu’à oublier d’être, pour être plus encore, traverser les genres, voyager d’un moi à un autre en défiant et refusant les catégories, du laid au beau, du jeune au vieux, du vécu au fantasmé. Les miroirs brisés renvoient des éclats épars pour pouvoir recomposer un vitrail où scintillent de minuscules chimères et disparaissent les bulles de savons, les instants de vie.

1 commentaire:

emma a dit…

...et les mosaïques les plus belles se colorent aussi des pierres fragiles ou dures qui défient le temps. En ce sens qu'elles oublient d'où elles viennent pour, fragments éparpillés, assembler de nouvelles constantes, de nouvelles harmonies, sensible et transcendant point d'équilibre. A son tour l'unité fragile d'un moment se morcellera pour nous arriver en éclisses à déchiffrer, en beautés parcellaires, en offrandes éludées, porteuses de sources imaginaire et de suites rêvées. Instants partagés où chantent des harmoniques lointaines. Rencontres sur le fil, celui du funambule ou de l'hirondelle, "je est un autre", chaque fois recommencé.