dimanche 20 avril 2008

Scarborough Fair

Chapelle Saint-Sébastien, Saint-Étienne-de-Tinée

Il est évident de constater que le christianisme a porté un coup mortel à la représentation du nu dans l’Art, par essence même, privilégiant les valeurs spirituelles et refusant le corps, cet objet honteux, siège de tous les désirs pervers et voué à retourner à l’état de poussière.
Les sculptures antiques étaient considérées comme obscènes parce que païenne et certainement possédé par le démon…


Rogier Van der Weyden

Pour les chrétiens du Moyen Age l’idée même que le corps put être beau relevait de l’illusion.
Les figures de nus apparaissent seulement quand les scènes bibliques l’exigent: l’expulsion du Paradis, la crucifixion, les martyrs et les damnés de l’Enfer, avec peu de signe que le corps puisse être défini comme désirable. La notion de beauté et de désir a quasiment disparue dans l’image médiévale, alors qu’elle persiste toutefois dans la littérature. Si le nu est peu représenté, il serait faux de dire que l’Art médiéval est dénué de tout érotisme.
« le Moyen Age donna à l’érotisme sa place dans la peinture, mais le relégua en Enfer »
G.Bataille
Les nus médiévaux sont donc généralement représentés entrain de subir les pires souffrances, leur nudité symbolisant leur déchéance spirituelle (à l‘exclusion du Christ).
On pourrait dire que Adam et Ève du Moyen Age répondait aux Vénus et Apollon classique, mais rien n’est moins classique que la conception chrétienne de la première pécheresse.
Il peut sembler paradoxal que du nu gothique, représenté selon des règles établies très strictes et exempt de toute volonté de tentation, rejeté dans l’ombre par la réprobation ecclésiastique, soit devenu l’exemple des premiers nus érotiques.
La répression, la mise au secret de la sexualité, sert à la rendre attirante et à exciter l’imagination, comme le mystère où le sentiment de péché.



J.Bosch

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Très discutable... Il est évident que Sébastien, dont une image ouvre d'ailleurs cet article, a été toujours vu, au Moyen-Âge, comme un objet érotique.

Autre a dit…

Mais alors, qu'est ce qui est discutable? Le refus du corps au M.A.? L'érotisme des martyrs? Une manière détournée des artiste pour représenter des corps désirables?
Le désir torturé ou damné.
Discutons!

Anonyme a dit…

La relégation de l'érotisme en Enfer, par exemple.