"Malgré les gestes de bonne volonté de Benoît XVI à leur égard depuis son élection, il y a trois ans, les traditionalistes n'entendent pas renoncer à leur combat. Ils refusent de rentrer dans le bercail de l'Eglise issue du concile Vatican II (1965). Dans une lettre rendue publique dimanche 20 avril, Mgr Bernard Fellay, évêque excommunié, supérieur de la Fraternité Saint-Pie-X, noyau dur des traditionalistes, installée à Ecône dans le Valais suisse, oppose une fin de non-recevoir aux propositions de réconciliation venues de Rome.
Il prend acte avec satisfaction du motu proprio (décret) signé le 2 juillet 2007 par Benoît XVI, facilitant la messe en latin et reconnaissant le rite tridentin (du concile de Trente au XVIe siècle) comme "rite extraordinaire" de l'Eglise. Cette concession a été obtenue "malgré la résistance farouche d'épiscopats entiers" (allusion au cas de la France). Mais, pour le reste, "rien n'a changé", tranche le chef des traditionalistes, qui entend lever les "illusions" de ceux qui, dans son camp comme au Vatican, pensent que la signature d'un accord avec le pape est imminente.
La défense de la messe en latin est restée un habillage, dissimulant l'aversion profonde des traditionalistes aux réformes dans l'Eglise. Le concile Vatican II, écrit la lettre de Mgr Fellay, a introduit "une vision fondamentalement positive" du monde. Il a dicté "un nouveau mode de présence de l'Eglise, plus horizontale, plus présente aux problèmes humains et terrestres que surnaturels et éternels". Eternel couplet des intégristes qu'indispose le rôle social et politique joué par les communautés catholiques.
L'Eglise se voit également reprocher de ne plus chercher à "convertir les juifs, les païens", l'ensemble des non-catholiques. Affirmer que "les autres religions ne sont pas privées d'éléments de salut" (déclaration Nostra Aetate de Vatican II) et que les "Eglises orthodoxes sont d'authentiques églises particulières" (documents de la Congrégation de la doctrine de la foi) équivaut à réhabiliter "les hérétiques et schismatiques qui ont tragiquement abandonné l'Eglise et bafoué la foi de leur baptême".
"ESPÈCE ÉTEINTE"
La réaffirmation constante de la liberté de religion par le pape Benoît XVI - jusqu'à son discours du 18 avril à l'ONU - et la poursuite de son dialogue avec les juifs suscitent une hostilité particulière dans ce courant radical des traditionalistes.
La lettre de Mgr Fellay ressemble donc, au total, à une déclaration de guerre contre le pape et Rome, accusés de rester fidèles aux orientations du concile, "malgré quarante années de crise, malgré les couvents dépeuplés, les presbytères abandonnés, les églises vides, les universités catholiques persistent dans leurs divagations, l'enseignement du catéchisme reste une inconnue, alors que l'école catholique n'existe plus comme spécifiquement catholique : c'est devenu une espèce éteinte".
Aucun accord avec Rome n'est possible, conclut Mgr Fellay, dont la lettre et le ton employé seront accueillis avec un déplaisir certain au Vatican et une irritation croissante de l'aile traditionaliste favorable à un dialogue et une réconciliation."
Henri Tincq, lemonde.fr
Il prend acte avec satisfaction du motu proprio (décret) signé le 2 juillet 2007 par Benoît XVI, facilitant la messe en latin et reconnaissant le rite tridentin (du concile de Trente au XVIe siècle) comme "rite extraordinaire" de l'Eglise. Cette concession a été obtenue "malgré la résistance farouche d'épiscopats entiers" (allusion au cas de la France). Mais, pour le reste, "rien n'a changé", tranche le chef des traditionalistes, qui entend lever les "illusions" de ceux qui, dans son camp comme au Vatican, pensent que la signature d'un accord avec le pape est imminente.
La défense de la messe en latin est restée un habillage, dissimulant l'aversion profonde des traditionalistes aux réformes dans l'Eglise. Le concile Vatican II, écrit la lettre de Mgr Fellay, a introduit "une vision fondamentalement positive" du monde. Il a dicté "un nouveau mode de présence de l'Eglise, plus horizontale, plus présente aux problèmes humains et terrestres que surnaturels et éternels". Eternel couplet des intégristes qu'indispose le rôle social et politique joué par les communautés catholiques.
L'Eglise se voit également reprocher de ne plus chercher à "convertir les juifs, les païens", l'ensemble des non-catholiques. Affirmer que "les autres religions ne sont pas privées d'éléments de salut" (déclaration Nostra Aetate de Vatican II) et que les "Eglises orthodoxes sont d'authentiques églises particulières" (documents de la Congrégation de la doctrine de la foi) équivaut à réhabiliter "les hérétiques et schismatiques qui ont tragiquement abandonné l'Eglise et bafoué la foi de leur baptême".
"ESPÈCE ÉTEINTE"
La réaffirmation constante de la liberté de religion par le pape Benoît XVI - jusqu'à son discours du 18 avril à l'ONU - et la poursuite de son dialogue avec les juifs suscitent une hostilité particulière dans ce courant radical des traditionalistes.
La lettre de Mgr Fellay ressemble donc, au total, à une déclaration de guerre contre le pape et Rome, accusés de rester fidèles aux orientations du concile, "malgré quarante années de crise, malgré les couvents dépeuplés, les presbytères abandonnés, les églises vides, les universités catholiques persistent dans leurs divagations, l'enseignement du catéchisme reste une inconnue, alors que l'école catholique n'existe plus comme spécifiquement catholique : c'est devenu une espèce éteinte".
Aucun accord avec Rome n'est possible, conclut Mgr Fellay, dont la lettre et le ton employé seront accueillis avec un déplaisir certain au Vatican et une irritation croissante de l'aile traditionaliste favorable à un dialogue et une réconciliation."
Henri Tincq, lemonde.fr
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